
La Page Blanche
- Blandine R-da
- 25 déc. 2022
- 12 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 mars 2023

Il était une fois, en Haute-Autriche, Elias, un étudiant de vingt-huit ans, habitant toujours chez ses parents, rêvait d’égaler l’auteur Leo Perutz. Malheureusement, le manque de confiance en lui et la peur elle-même avaient entravé la réalisation de son souhait. Ainsi, chaque soir, ne perdant pas espoir, il se faisait violence en s’imposant une routine d’écriture, aussi peu productive soit elle.
A cette période de l’année, le village d’Hallstatt, tapi au creux du massif de Dachstein, était sur le point de devenir l’attraction touristique de Noël : les lumières illumineraient les chalets, l’Église serait taillée dans la glace et le marché respirerait la féérie.
Le soir du 20 novembre, alors que les chaumières, recouvertes d’une toile blanche, reflétaient leurs lueurs sur le lac d’Hallstättersee, Elias rentrait chez lui. Après avoir tapé ses bottes sur le perron de bois, il embrassa sa mère : « Bonsoir m’man ». En retirant son bonnet, le jeune homme sentit ses oreilles rougir au contact de la chaleur du havre familial où un mélange de fragrances questionna ses papilles. Était ce du pain d’épices, du caramel ou de la cannelle ? La réponse de tarda pas. « Il y a du pain perdu ! » lui dévoila sa mère. Tandis qu’Elias fut porté par son flair jusqu’au salon, son père, installé au coin du feu, le salua de loin : « ça va fils ? » ; le crépitement dans la cheminée marquait le rythme d’un air rétro joué par le tourne-disque, accompagnant ainsi la tombée des flocons de neige derrière les carreaux embués. Elias, la bouche déjà pleine, émit difficilement un « ouais ».
Noël n’était pas sa fête favorite. Il préférait de loin Halloween car, selon lui, c’était la période la plus propice à la création. Chaque année, il saluait l’enthousiasme que déployait les gens_ et surtout Lena, sa meilleure amie au tempérament extraverti_ pour avoir le déguisement le plus extravagant. En effet, l’imagination collective offrait une telle diversité qu’elle en devenait une véritable source d’inspiration pour lui. En revanche, il voyait Noël comme étant l’époque de l’irrationnel absolu, et estimait que les lois inhérentes à cet évènement n’étaient que de la poudre aux yeux enfermant le monde entier dans un espace d’hypocrisie, d’abondance et de remise en question malsaine. On revoyait ceux qu’on n'avait pas vu de l’année, obligé de supporter le cousin raciste, l’oncle bourré et ses blagues de cul, la grand-mère homophobe que l’on déteste… et surtout… on claquait un max de fric. Tout cela pour célébrer la naissance d’un hippie qui tendait la main aux plus miséreux. Et pourtant, dès le lendemain, les Hallstattiens feraient fleurir les ornements, peignant couleurs et arabesques dans les rues, fourmilleraient dans le centre commercial et placeraient les cadeaux sous le sapin en faisant croire, comme bon soldat de la société de consommation, qu’ils ont été apportés par Saint Nicolas en personne. Même le chat, en boule dans son panier prêt de la fenêtre, produisit un « miaou » d’approbation comme pour adhérer à la réflexion.
Elias, rassasié de saveurs et d’analyses universelles, rassura sa mère sur sa présence lors du diner, puis monta à l’étage pour s’enfermer dans sa chambre, tel un boxeur entrant sur le ring. En l’occurrence, son adversaire ne serait pas muni de gants de boxe, mais plutôt de deux aiguilles faisant TIC TAC et d’une feuille aussi blanche que la toile d’un peintre. Il s’assit donc sous le halo de lumière de son bureau, puis s’initialisa le premier round.
Malgré les multiples chemins offerts par la vie, jamais Elias n’avait pu renoncer à l’écriture. Faire une année de droit, deux ans aux Beaux-Arts, s’arrêter pour travailler, puis revenir à la Fac, l’avait asservi à une existence d’illégitimité. Alors, quand il se figea face à la page blanche, celle devant laquelle il passait une heure tous les soirs, le sentiment d’échec recommença à planer. Il écrivit donc quelques mots avant de la froisser et de la jeter par-dessus son épaule. En lissant une nouvelle page, il repensa à ce que sa mère lui avait un jour raconté : « Quand tu es venu au monde, j’ai tout de suite su que tu serais particulier. Tu as eu tellement de mal à ouvrir les yeux, comme si les néons de l’hôpital t’éblouissaient trop pour faire l’effort. Puis tu as réussi. En plus d’avoir l’œil de droite gris et l’autre vert, j’ai perçu en toi cette candeur singulière. Tout ceci faisait de toi l’être le plus authentique que j’ai rencontré. » Mais ce n’était que la parole d’une mère.
Il n’y avait rien à faire, plus les minutes passèrent plus l’illumination tant attendue ne daignait pointer le bout de son nez. C’est donc avec l’air de défaite habituel qu’Elias se joignit à ses parents pour diner.
Pensant que le ragout lui avait donné un second souffle, il tenta de se remettre au travail. En vain. Maudissant la page blanche, qu’Elias avait désormais nommée : « l’œil de Satan », il alla se coucher, en espérant que le lendemain serait un autre jour.
Mais comme chaque nuit, le temps du sommeil tardait au fur et à mesure qu’il voyait ses pensées faire la ronde dans sa tête. Sur l’écran, un garçon âgé de trois ans entrait dans la cour de l’école et se terrait sous le préau évitant que les autres élèves repèrent son hétérochromie ; mais, malgré ses prières, il lui avait été impossible de rester cacher à la vue de tous ; et ce qu’il avait le plus craint, avait fini par devenir le plus inévitable. Des années durant, il fut la victime de tant de moqueries, que s’illustrer lors des spectacles de fin d’année, s’inscrire à des clubs, ou même sortir avec des garçons ne furent que des chimères. A chaque fois qu’il avait essayé, il avait été rongé par l’anxiété et les doutes. C’est en s’imaginant le visage d’anciens camarades de classe aux oreilles et aux nez pointus, les dents aussi agressives que celles d’un dragon, qu’Elias s’endormit dans les bras de La Peur.
Le lendemain matin, alors qu’Elias buvait son café dans un mug en forme de Père Noël, il reçut un SMS de Lena :
« C’est l’ouverture de la patinoire aujourd’hui ! ». Elle n’en rate jamais une Lena. La flemme de croiser les petits cons de l’époque (devenus de gros cons aujourd’hui).
« Pas dispo, désolé. » lui répondit-il.
A l’époque où il l’avait connue, Elias, pour se protéger de la vie en société que lui infligeait l’école, s’était forgé une image de « mec parfait ». En effet, le fait d’avoir des yeux bicolores lui donnait l’impression constante d’avoir une étiquette marquée « anormal » sur le front. Alors, dès son entrée au collège, il avait été fondamental de cacher sa différence derrière des notes excellentes, un rythme de vie excellent, voire même, une petite amie excellente. Seule, Lena, qui avait réussi à voir en lui ce qu’il était vraiment, était restée inscrite sur la liste (aussi courte qu’un timbre-poste) des gens de confiance. Mais Elias, fatigué d’avoir à jouer le rôle de l’excellence perpétuelle, source de disputes entre ses parents et lui, puis entre ses parents eux-mêmes, avait fini par capituler. La solution s’était présentée à lui comme une évidence : envoyer chier tout le monde. Ainsi, moins il s’exposait au jugement des autres, mieux il se sentait.
La réponse à son message ne tarda pas, et Lena, fidèle à sa détermination, écrivit :
« A moins que tu te sois transformé en gnome, je ne te laisse pas le choix. » _ « On est samedi merde ! ». Je connais Lena, ça commence par une sortie à la patinoire et ça finit dans une boite gay. Elle est persuadée que_ un : j’améliore ma sociabilité ; deux : je vais y trouver l’homme de mes rêves. Bon, il faut que j’esquive.
« Je ne peux pas, je dois écrire » ce qui est vrai d’ailleurs, si je veux maintenir mon rythme.
« Tu veux plutôt dire : regarder pendant des heures une feuille A4 en espérant qu’elle te fasse la conversation… sois pas con ». Bon là, clairement, elle me soûle.
Il préféra laisser l’échange en suspend avant d’aller prendre sa douche. Avec un peu de chance, elle lâchera l’affaire. Pourtant, en début d’après-midi, la sonnette retentie pour laisser place à la voix de sa mère qui hurla : « Elias, c’est Lena ! ». Cette fille est aussi tenace qu’un vampire collé au cou d’une jeune vierge. Elias descendit donc jusqu’à la porte d’entrée où se tenait sa meilleure amie aux cheveux aussi translucides que les ailes d’une fée :
— Salut ! Alors on y va ?
— Euh… tu es sûre que tu ne veux rien boire ?
— Dépêche-toi on va rater l’inauguration, allé viens !
Contraint d’accepter, Elias s’emmitoufla sous une écharpe et un bonnet de laine puis prit la direction de la patinoire, accompagné de Lena. Sur la route, tandis que les Hallstattiens accrochaient des guirlandes sur le bord des fenêtres, Lena n’arrêta pas de lui parler du type avec lequel elle couchait mais duquel, surtout, elle n’était pas amoureuse.
Les moments en sa compagnie étaient sans doute les plus sincères qu’Elias ait vécu au cours de son existence. Lui qui avait tant voulu cacher ses émotions, les péripéties racontées sans aucuns filtres par Lena, ressemblaient à une bulle de cristal dans laquelle il pouvait donner son avis sans avoir à se sentir illégitime. A tel point, qu’un jour, en perdant la maîtrise de sa colère intérieure, il avait fini par la blesser. En effet, alors que les monstres de sa classe de Terminale se moquaient de ses manières efféminées et que Lena avait pris sa défense, Elias lui avait reprochée de constamment vouloir le sauver d’un coup de baguette magique. Ils avaient alors passé plusieurs semaines sans s’adresser la parole.
Arrivés dans le vieux centre composé de maisons traditionnelles et de l’Église gothique, le craquement de leurs pas les accompagna jusqu’au stand de patins. Alors que Lena discutait avec le gérant, Elias jeta un œil vers l’éminence du sanctuaire qui serait décoré dans la journée. Sur la patinoire, des Hallstattiens de tout âge dessinaient des vagues sur la glace comme s’ils fissuraient l’âme d’un ange. Les chants de Noël, orchestrés par des enceintes, donnaient le tempo à la foule.
Plus tard, Elias, totalement crispé et en équilibre précaire sur ses patins, se laissa diriger par sa meilleure amie. L’or de ses cheveux dans le vent donnait l’impression que des ailes lui poussaient dans le dos ; pendant qu’à l’arrière, Elias, lui, avait plutôt l’air d’un oisillon tombé du nid.
— Je t’ai dit que j’aurais dû rester chez moi Lena ! Regarde même les ados là-bas se fiche de moi.
— N’importe quoi !
Mais au même moment, le groupe d’individus pouffèrent de rire quand il se rattrapa au rebord pour ne pas tomber.
— Bon d’accord peut-être un petit peu, mais c’est normal de tomber quand on fait du patin. Tout le monde chute une fois ou deux sur la glace, regarde-lui, dit-elle en désignant un enfant de cinq ans entouré de ses parents. Elias leva les yeux au ciel en signe de désolation. Elle m’énerve à toujours vouloir tout dédramatiser.
En dépit de l’optimisme de Lena, Elias, saturé après avoir fait deux tours de piste, lui signala qu’il l’attendrait à l’extérieur, assumant avec peine une nouvelle défaite.
Peu à peu la neige se remit à tomber et le jeune homme, adossé au bord de la patinoire, eut tout le loisir d’observer les patineurs se divertir en famille ou entre amis.
Au loin, il repéra un attroupement de petites filles habillées d’une robe de princesse, sauf une, déguisée en Casse-noisette. A l’instar des autres, son uniforme vert et rouge contrastait au milieu des froufrous roses. Elias fut d’autant plus en alerte quand une des princesses la poussa jusqu’à la faire tomber. Le troupeau de fanfreluches rigolant aux éclats la regardèrent se relever avant de la bousculer à nouveau. Un instant plus tard, la fillette s’éloigna la tête repliée sur son torse et sortit de la patinoire pour aller s’asseoir sur un banc prêt de l’Église.
C’est à ce moment-là qu’Elias soupira et que ses deux états d’âmes se mirent à s’entrechoquer : Non je n’irai pas la voir ! _ Allez, regarde la, elle a besoin de toi. _ J’ai dit «non » _ Tu n’es qu’un lâche.
Il ne fallut que quelques secondes avant que la petite fille ne retienne plus ses larmes. En même temps, une fille de son âge s’habiller en garçon, c’est normal que ça arrive_ Tu penses vraiment ce que tu dis ? _ Ça m’est bien arrivé à moi ! _ Mais oui c’est ça tu as raison, fait comme eux ! Tu ne vaux pas mieux ! _ Et si je vais la voir, quoi alors ? _ Et bah tu lui expliques. _ Je lui explique quoi ? Que le monde ne la laissera jamais être ce qu’elle désire être ? _ Fais comme tu veux, mais tu le regretteras.
C’est alors, qu’à reculons, il alla s’asseoir à côté d’elle.
— Très sympa ton déguisement.
— Hum…
Le vent, alors, commença à se lever et les flocons à tourbillonner.
— Tu aimes patiner ?
— Moui…
— J’ai vu ce qui s’est passé sur la patinoire. Ce n’est pas très gentil je trouve.
— Mes copines ne veulent pas de moi parce que je ne suis pas une princesse.
— Tout le monde n’est pas obligé d’être une princesse.
— Mais elles disent que ce n’est pas normal.
— Tu trouves que ce n’est pas normal d’être différente ?
La petite fille haussa les épaules et son couvre-chef de Casse-noisette vacilla légèrement vers l’avant.
— Non mais parfois je me sens seule.
— Je comprends…
La neige commençait alors à se tasser aux portes de l’Église.
Il regarda le profil de la fillette et nota qu’une larme s’accrochait au coin de son œil. Allez Elias, encore un effort !
— Et si c’était un super-pouvoir ?
— Quoi ?!
Tandis qu’Elias prenait la main gantée de la petite fille dans la sienne, les flocons se mirent à virevolter autour d’eux.
— Regarde là, dit-il en lui indiquant l’amas de neige devant les portes de l’Église.
— Quoi ? Je ne vois rien.
— Si regarde bien. Tu vois là ?
La fillette plissa les yeux mais ne vit toujours rien.
— Non.
Elias serra donc plus fort sa main. Les flocons de neige, dirigés par le vent tels des pantins tirés par des ficelles, prirent la forme d’un rat au nez pointu et à la queue arquée.
— Ça y est ! s’étonna la fillette.
Dans un nouveau tourbillon les flocons érigèrent un soldat, puis l’imagination fit le reste. Connectés l’un à l’autre, ne voulant lâcher la prise de leur main, les deux spectateurs virent les deux protagonistes se battre à l’épée. Au pied de l’Église, le combat était rude entre le roi des souris et le Casse-noisette. Mais alors que le soldat de bois finit par vaincre son ennemi, un rayon de soleil apparut pour faire briller la porte de l’édifice. Mille et un éclats brillèrent dans la neige au point de les éblouir. La fillette, stupéfaite, comprit que le Casse-noisette devenait prince de chair et de sang.
— Regarde le soldat de bois devient prince. Ça c’est un vrai super-pouvoir, tu ne trouves pas ?
— Han !! Oui mais c’est quand même la princesse qu’on aime le plus dans l’histoire.
—Mais la princesse n’arriverait jamais à s’en sortir si elle n’avait pas son valeureux Casse-noisette pour la protéger. Lui c’est un guerrier. Puis, est-ce que le roi des souris n’est pas assez méchant et futé pour se déguiser en princesse et le tromper ?
—C’est vrai qu’il le pourrait, dit la petite fille en pleine réflexion.
— Tu sais pourquoi le Casse-noisette devient prince ?
— Non ?
— Parce qu’il n’a pas peur d’être fait de bois.
On put voir l’air convaincu sur son visage lorsqu’elle écarquilla les yeux :
—Han…
— Dis-moi comment tu t’appelles ?
— Clara.
C’est alors que les enceintes de la patinoire passèrent la fameuse Valse des fleurs.
— Regarde à nouveau Clara, fit-il en pointant le spectacle du doigt.
Dans la neige, une ballerine, les bras en couronne, déployait son plus beau ballet. L’espace d’un instant, Elias et Clara eurent l’impression qu’une odeur de caramel s’insinuait dans leurs narines et que tout devenait rose et blanc. Le temps s’arrêta ; puis la dernière note de Tchaikovski raisonna.
Tous deux restèrent là, à regarder l’amas de neige reprendre forme et se poser devant la porte de l’Église, lorsqu’ils entendirent au loin : « Eh l'pédé t’as trouvé ton Casse-noisette ! »
— Retourne dans ton trou à rat minable ! envoya Clara.
La petite fille, ravie, lui adressa un large sourire :
— Et toi comment tu t’appelles ?
— Ernst Theodor Amadeus Hoffman.
— Et bien merci à toi Hoffy, dit-elle en se détachant de la chaleur que lui avait apporté la main d’Elias. Tu resteras toujours ma fée dragée, conclut elle en rigolant avant de s’éloigner pour rejoindre à nouveau la glace.
Elias fut étonné de la voir retournée auprès du groupe de fanfreluches roses. Il s’attendit à la voir les défier, mais non, il l’entendit dire : « Je te pardonne roi des souris, ce n’est pas ta faute si tu es méchant. » Ces derniers mots agirent sur lui comme une gifle. Toutefois, Lena le ramena à la réalité :
— Bon alors on y va !
— On va où ? prononça Elias avec quelques secondes de retard, le temps de repositionner son attention sur sa meilleure amie.
— Boire un chocolat chaud ?
— Avec plaisir !
— Tu t’es fait une amie on dirait.
— Ou plutôt un rendez-vous avez Ernst Theodor Amadeus Hoffman.
— Un grand homme celui-là.
— Je crois qu’ils jouent Casse-Noisette ce soir au théâtre, ça te tente ?
— Dis donc ! Dites moi ce que vous avez fait de mon meilleur ami !
Elias et Lena éclatèrent de rire et se dirigèrent, bras dessus bras dessous, vers la brasserie du coin.
Le lendemain, Hallstatt avait revêtu son plus bel apparat de Noël à tel point que la toile blanche disparaissait derrière les éclats de lumières et de couleurs.
Installé au coin du feu, sirotant son café dans son mug Père Noël, Elias scrutait le jardin de pins. Il déposa alors la tasse vide sur la cheminée couronnée de chaussettes, puis sortit, les bottes aux pieds. Arrivé, sur les lieux, il s’accroupit. Lors d’un instant, il eut la vision d’un enfant entre deux pins. Celui-ci, vêtu d’un uniforme rouge et vert, le regardait de son œil gris et l’autre vert. Il crut voir un léger sourire se dessiner sur son visage. Elias traça alors dans la neige : « Je te pardonne ». Il ne sut dire s’il transmettait ce message plus à lui-même qu’à ses propres démons. Mais peu importait.
Dans la soirée, Elias s’assis à son bureau, mais cette fois-ci, la peur et la colère s’étaient dissipées. L’âme plus légère, il écrivit : « Il était une fois, dans un pays où vivaient des dragons et des fées, Noël se préparait … ».
Finalement, le lendemain fut réellement un autre jour.
Blandine ROUX DE ALMEIDA
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